Hier, en regardant les stories Instagram de ma cousine, elle m’a fait une révélation glaçante. Elle venait de passer 20 minutes à se remaquiller pour prendre une photo « naturelle » de son petit-déjeuner. VINGT MINUTES !!! Pour paraître naturellement parfaite en mangeant des céréales. C'est là que j'ai réalisé à quel point on était toutes tombées dans le piège de la féminité performative.
Cette pression constante de jouer le rôle de la « vraie femme » selon
les codes sociaux du moment, ça vous dit quelque chose ? Cette fatigue mentale
de devoir constamment prouver qu'on est assez féminine, assez désirable, assez
accomplie ? Alors, on en parle VRAIMENT ?
Parce que soyons cash 2 minutes : être femme en 2025, c'est devenu un
spectacle permanent où on doit sans cesse performer notre féminité pour rentrer
dans les cases. Et cela nous épuise collectivement. Cette fois, j'ai décidé de
tout balancer sur ce système toxique qui nous transforme en actrices de notre
propre vie.
Le grand
théâtre de la féminité moderne
La féminité
performative, c'est cette obligation sociale de jouer constamment le rôle
de ce qu'on attend d'une femme. Plus qu'une simple apparence, c'est un
véritable spectacle quotidien où chaque geste, chaque choix, chaque photo doit
correspondre aux attentes genrées de notre époque.
Dans mes recherches obsessionnelles sur le sujet, j'ai découvert que cette
pression s'articule autour de plusieurs « performances » simultanées.
On doit être naturellement belle (mais pas trop maquillée), indépendante (mais
pas trop intimidante), accomplie professionnellement (mais pas au détriment de
notre vie privée), sexy (mais pas vulgaire). La liste est infinie et
contradictoire.
Selon une étude
de l'Université de Stanford (2023), 73% des femmes de 18-30 ans déclarent
ressentir une pression constante pour « performer » leur féminité sur
les réseaux sociaux, avec des conséquences directes sur leur estime de soi et
leur santé mentale.
Cette performance ne s'arrête jamais. Du choix
de la tenue vestimentaire le matin à la façon dont on mange en public, en
passant par la manière dont on rit ou on exprime nos opinions, tout devient
matière à jugement social. Et cette surveillance constante, on l'a intégrée au
point de devenir nos propres censeurs.
Les codes invisibles qui nous
enchaînent
Pause, on décortique ensemble ce bordel. La féminité performative repose
sur des codes invisibles mais omniprésents. Ces règles non-écrites qui dictent
comment une « vraie femme » doit se comporter, paraître, réagir.
Prenons l'exemple de la beauté « naturelle ». Cette injonction
paradoxale qui nous pousse à paraître parfaites sans effort visible. Combien de
fois avez-vous entendu « elle est belle naturellement » comme le
summum du compliment ? Mais derrière ce « naturel », il y a souvent
des heures de préparation, des produits coûteux, des techniques maîtrisées.
Mais surtout, il faut que cela reste invisible.
L'industrie
cosmétique du « no-makeup makeup » représente aujourd'hui 12
milliards d'euros en Europe. Paradoxalement, il faut plus de produits pour
paraître « naturelle » que pour un maquillage assumé.
Ces codes touchent aussi notre rapport à la réussite. On nous encourage à
être ambitieuses, mais attention à ne pas paraître trop « agressive »
ou « masculine ». Dans le monde professionnel, cette performance est source
d’épuisement : moduler sa voix en réunion, sourire pour paraître
approchable, justifier ses succès sans paraître arrogante.
Et que dire de la sexualité ? On doit être libérées sexuellement (merci le
féminisme !) mais pas trop, au risque d'être jugées. Cette petite voix toxique
qui te dit que tu en fais trop ou pas assez, selon les circonstances. C'est ça,
la féminité
performative : un équilibre impossible sur une corde raide sociale.
L'épuisement
invisible de la performance permanente
Cette performance constante a un coût énorme sur notre santé mentale.
L'épuisement de la féminité performative, c'est cette fatigue sourde qui
s'installe quand on réalise qu'on ne peut jamais complètement « être »
sans se soucier de comment on « paraît ».
Dans mes échanges avec mes amies, un témoignage m'a particulièrement
marquée : « J'ai réalisé que je ne savais plus qui j'étais vraiment. Même
seule chez moi, je me comportais comme si quelqu'un me regardait. C'était
devenu automatique. » Cette perte d'authenticité, c'est le prix de la
performance permanente.
Une recherche du
Centre d'études sur le stress de l'Université de Montréal (2024) révèle que 68%
des femmes étudiées présentent des signes de fatigue liée à la « charge
mentale esthétique » - cette préoccupation constante de leur apparence et
de leur comportement social.
Cette charge mentale invisible s'additionne à toutes les autres.
Pendant qu'on gère notre travail, nos relations, nos responsabilités, on doit
aussi gérer notre « image » en permanence. Choisir la bonne tenue, le
bon angle pour la photo, la bonne réaction face à telle situation. C'est
épuisant et ça nous vole une énergie précieuse.
L'ironie, c'est que cette quête de
validation sociale nous éloigne paradoxalement de ce qu'on recherche :
l'authenticité, la connexion vraie, l'estime de soi. Plus on performe, moins on
se sent connectées à qui on est vraiment.
Les réseaux sociaux amplifient la féminité performative
Les
réseaux sociaux : amplificateurs de la performance
Les réseaux sociaux ont transformé la féminité performative en spectacle
permanent et global. Chaque post, chaque story, chaque photo devient une
représentation de notre « réussite » à être femme selon les
standards du moment. Et les algorithmes nous encouragent dans cette voie en
récompensant les contenus qui correspondent aux codes esthétiques et
comportementaux attendus.
Instagram, TikTok, LinkedIn : chaque plateforme a ses propres règles de
féminité performative. Sur Instagram, c'est la vie parfaite en images. Sur
TikTok, c'est la personnalité attachante et spontanée (mais parfaitement
maîtrisée). Sur LinkedIn, c'est la professionnelle accomplie mais accessible.
Selon une étude
de l'Institut français d'opinion publique (2024), les jeunes femmes passent en
moyenne 2h30 par jour sur les réseaux sociaux, dont 45 minutes dédiées à la
création et la retouche de contenu personnel.
Cette performance digitale crée une pression inédite. Nos grands-mères
devaient performer leur féminité devant leur entourage proche. Nous, on doit la
performer devant des centaines, parfois des milliers de personnes. Et cette audience
virtuelle influence nos choix réels : on choisit un restaurant parce qu'il
est « instagrammable », on évite certaines tenues parce qu'elles ne
rendront pas bien en photo.
Le plus pervers ? On intériorise tellement cette logique qu'on finit par se
photographier mentalement dans chaque situation. « Est-ce que cela ferait
une bonne story ? » devient un réflexe inconscient qui nous coupe de
l'instant présent.
Quand la
performance devient prison
Cette féminité performative finit par créer une prison dorée où on
s'enferme volontairement. Plus on performe, plus on devient prisonnières de
cette image qu'on a créée. Et sortir de ce rôle devient de plus en plus
difficile.
J'ai vécu cette situation personnellement quand j'ai voulu arrêter de me
maquiller pour aller au travail. Les réflexions de mon entourage, les regards
dans la rue, cette impression d'être « moins bien » parce que je ne
correspondais plus à l'image que j'avais donnée. C'est là qu'on réalise à quel
point on s'est enfermées dans un personnage.
Les psychologues
observent une augmentation de 40% des consultations pour « dysphorie de
l'image sociale » chez les 18-25 ans depuis 2020. Cette nouvelle forme
d'anxiété liée à l'écart entre qui on est et qui on pense devoir paraître.
Cette prison se manifeste aussi dans nos relations. Combien de fois on
évite d'exprimer une opinion de peur de paraître « trop » quelque
chose ? Trop radicale, trop sensible, trop directe. On se censure pour rentrer
dans le moule de la
féminité acceptable.
Et le plus tragique ? On transmet ces codes aux générations suivantes. Ces
petites filles qui nous regardent et intègrent déjà que pour être une femme « réussie »,
il faut maîtriser l'art de la performance. Plot twist : on peut briser cette
chaîne.
Se
libérer de la féminité performative
Briser le
cycle de la féminité performative, c'est d'abord prendre conscience qu'on n'a
pas à justifier notre façon d'être femme aux yeux de la société. Il n'y
a pas une seule manière d'être féminine, et surtout, on n'a pas à être féminine
pour être valables.
La première
étape ? Identifier nos propres performances automatiques. Prenez un jour pour
observer vos comportements : quand vous modifiez votre posture, votre voix,
votre sourire selon votre interlocuteur. Ces micro-ajustements inconscients
sont les premiers signaux d'une féminité performative intégrée.
Des études en
neurosciences montrent que la pratique de la « pleine conscience
corporelle » peut réduire de 60% les comportements performatifs
automatiques en seulement 6 semaines.
Ensuite, questionnez vos choix. Cette robe que vous portez, c'est parce
qu'elle vous plaît vraiment ou parce qu'elle correspond à l'image que vous
voulez donner ? Cette façon de réagir, c'est authentique ou calculé ? Pas de
jugement, juste de la curiosité bienveillante.
Expérimentez l'authenticité par petites doses. Commencez par des espaces
sûrs : exprimez une opinion sans la nuancer, sortez sans maquillage chez le
boulanger, postez une photo sans
filtre. Chaque petit acte d'authenticité renforce votre connexion à qui
vous êtes vraiment.
Spoiler : vous n'avez pas à performer
votre féminité pour être légitime. Votre valeur ne dépend pas de votre capacité à rentrer dans les cases
sociétales. Être femme, c'est personnel, c'est intime, c'est VOTRE définition.
Alors, racontez-moi : dans quels moments vous sentez-vous le plus en « performance »
? Quels sont vos codes automatiques de féminité ? Partageons nos expériences
pour briser ensemble cette spirale épuisante. Et si vous avez des amies qui se
reconnaissent dans cette description, transférez-leur cet article. On a toutes
besoin d'entendre qu'on a le droit d'exister sans spectacle.
🎧 Écouter un podcast sur la féminité performative sur Spotify
*Pour aller plus loin, découvrez aussi mon article
sur la charge mentale invisible.



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